Les fonds à l’affût d’acquisitions dans le secteur financier

Les contraintes pesant sur la finance créent des opportunités. L’intervention des fonds restera toutefois modérée.

A l’avenir, d’autres occasions devraient, selon Hervé Demoy, se présenter, du fait notamment de la rotation des actifs. De nombreuses participations (CBP chez JC Flowers, Gras Savoye chez Astorg…) sont en effet présentes depuis trois ou quatre ans au sein du portefeuille de certains acteurs. Toutefois, « cette accélération restera modérée », estime-t-il. Par ailleurs, jusqu’en 2011, la priorité des établissements financiers était le désendettement. Pour Paul Mizrahi, associé chez BlackFin, les acteurs cherchent désormais à optimiser leur modèle en se concentrant sur certaines activités et en cédant celles qui sont non stratégiques. « La moitié des investissements que nous avons réalisés s’inscrivent dans cette logique de cession par des banques ou assureurs. Les opportunités d’investissement sont appelées à s’accélérer », juge-t-il. « Le climat est propice à la réalisation d’opérations car les fonds disposent d’une meilleure visibilité sur l’évaluation des actifs, même si leurs espoirs de valorisations dégradées caressés en 2009-2010 ne sont plus d’actualité », confirme Eric Meyer, banquier conseil au sein de Société Générale CIB. « Si les banques anglo-saxonnes ont dès 2009 procédé à des cessions d’actifs, celles d’Europe continentale mettent plus de temps. Nous voyons aujourd’hui assez peu de processus de vente formalisés de la part des banques, mais beaucoup y réfléchissent. Parallèlement, de nombreuses sociétés familiales et indépendantes font face à des problèmes de transmission. Dans ce contexte, le flux d’opérations dans le secteur restera dynamique, mais ne devrait pas s’accroître en 2014 et au-delà », tempère Cédric Chateau, directeur associé d’Advent International à Paris.

Barrières des régulateurs

Bien qu’importante en valeur absolue, l’intervention des fonds dans les fusions-acquisitions au sein du secteur financier en Europe se révèle modeste sur une base relative (voir le tableau). Des freins agissent. « Les barrières des régulateurs dans certains pays, à l’image de la France, rendent difficile l’investissement de fonds dans certains secteurs, tels que les activités de dépôts bancaires ou de banque commerciale », explique Hervé Demoy. Certains actifs dont les banques envisagent la cession ne sont pas les plus faciles pour les fonds. Cédric Chateau cite ainsi ceux avec une forte composante bilancielle ou ceux pour lesquels le financement des opérations est essentiel (à l’image du leasing automobile), avec le risque que le coût de ce financement augmente sensiblement quand la maison mère n’est plus un établissement financier.

D’autres secteurs aiguisent l’appétit des fonds. « Nous percevons de belles perspectives de croissance au sein du marché des paiements, qui bénéficie d’une déréglementation à contre-courant de la tendance générale », explique Paul Mizrahi. Selon le professionnel, l’externalisation de processus financiers va s’accélérer au sein des banques et des compagnies d’assurances, contraintes de réduire leurs coûts sous le poids de la réglementation. La distribution d’assurance sur internet constitue par ailleurs l’un des principaux thèmes d’investissement de BlackFin. « Le modèle de l’assurance est en phase de transformation et, dans un pays comme la France, les acteurs n’ont fait qu’un petit bout du chemin », poursuit Paul Mizrahi. Dans les activités de gestion d’actifs, de banque privée et de conseil patrimonial, de nombreux acteurs européens sont à la recherche de la taille critique. « Cela pourrait donner lieu à une consolidation avec d’autres acteurs du secteur ou à des opérations de ‘build-up’réalisées par des fonds », souligne Hervé Demoy.

L’Agefi